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"Marché de l’art - Chapitre 5 – Entrer au musée par la grande porte du numérique"

"Marché de l’art - Chapitre 5 – Entrer au musée par la grande porte du numérique"

Beaucoup de gens consultent les sites Web des musées pour les renseignements pratiques. Mais l’amateur d’art sera plus spécialement attiré par le fait d’y trouver des contenus fiables sur les arts visuels. Pour bien comprendre le poids de cette information, il faut savoir que le musée est un des deux piliers du marché de l’art, l’autre étant la maison de vente aux enchères. On sait que cette dernière s’occupe uniquement de vendre des œuvres tandis que le musée les expose sans jamais les vendre. Mais, plus fondamentalement, la maison de vente aux enchères donne l’état du marché, elle fournit les valeurs économiques, alors que le musée est là pour fournir les valeurs esthétiques.

 

La valeur marchande dépend-elle de la valeur esthétique ou est-ce le contraire ?

D’entrée de jeu, j’ai affirmé que le musée s’occupe de la valeur esthétique des œuvres tandis que la maison de ventes aux enchères en fixe la valeur marchande. Ce sont des rôles bien distincts, qui ne tolèrent pas d’être mélangés. Ce n'est pas parce qu'un tableau vaut cent mille dollars qu'il intéressera un musée. Le marché de l’art réagit comme le marché financier. La valeur marchande traduit simplement l’intérêt des acheteurs pour une œuvre ou un titre à un moment précis, et elle peut résulter d’une vogue passagère. En clair, la valeur marchande n’a rien à voir avec la valeur esthétique. Rappelons que bien des œuvres se vendent très cher sans qu’aucun musée n’en ait jamais acquis.  Et ce n'est pas parce qu'une œuvre se vend seulement cent dollars qu'elle n'intéressera pas un musée.

 

Cela signifie que le musée établit les balises esthétiques indépendamment
des signaux du marché.
 

Ce qui conditionne les acquisitions d’un musée
On constate cependant que les musées s'insèrent de plus en plus dans le processus commercial. Cela vient de ce que les conservateurs de musée intègrent à leurs collections ce qui à leurs yeux représente le mieux l'art d'aujourd’hui. Ce rôle est relativement récent, car autrefois, il fallait au moins vingt ans de carrière à un artiste avant d’accéder au musée. L'offre a tellement proliféré que, par crainte de voir une œuvre devenir hors de prix plus tard, le conservateur prend la décision d’acheter maintenant, pendant qu’elle est encore abordable. Pourtant, la création contemporaine est un terrain hautement incertain. Cette réaction des conservateurs est compréhensible, tous les musées sont à court d’argent. Il leur faut donc faire le maximum avec peu de ressources. Mais il y a un effet pervers à cette précipitation : plus le musée achète des œuvres d'artistes émergents et plus les prix montent en galerie. Cela finit par donner l’impression que le musée est à la remorque du marché, comme si c’était le marché qui fournissait les valeurs esthétiques, le musée ne faisant que les entériner. Les conservateurs ne sont pas prêts d’admettre une telle influence, à juste titre.

 

Le jugement esthétique du conservateur de musée sur l’art contemporain
Il faut noter d’abord que les codes de déontologie des musées permettent aux conservateurs de se prononcer sur la valeur pécuniaire des œuvres uniquement en réponse aux demandes officielles d’autres musées ou des pouvoirs publics. Ils ne peuvent donc faire aucune communication au public à ce sujet. Il faut ensuite reconnaître que les conservateurs de musée s’appuient sur des connaissances solides et une démarche scientifique pour anticiper ce que seront les meilleurs éléments, ceux qui franchiront l’épreuve du temps.  Ils sont outillés pour écrire sur le nouvel art et justifier leurs décisions d’acquérir ce qu’ils considèrent comme les œuvres les plus prometteuses.

 

Comme visiteurs du musée réel ou numérique, nous profitons de leurs connaissances. Les descriptifs accompagnant les œuvres, les catalogues d’expositions et les textes des sites Web ont reçu l’aval du musée. Ils donnent une information fiable sur des œuvres d’intérêt pour l’histoire de l’art. En particulier, les sites Web mettent en lumière le travail des artistes sous des angles différents d’une exposition à l’autre. Ces points de vue successifs dans le temps ou variables selon les thématiques choisies par différents musées construisent à terme le regard critique de l’amateur d’art visuel.

 

L’accès virtuel aux collections
Je rêve du jour où les musées auront numérisé toutes les œuvres qui se trouvent dans leurs réserves et qui enferment souvent les trois quarts de ce qui est en leur possession. On ne voit jamais la plupart de ces œuvres faute d’espace d’exposition, en particulier parce que les œuvres vedettes, celles qui attirent les visiteurs, ne sont bien évidemment jamais retirées des salles.

 
 

En attendant, certains musées nous donnent accès sur la Toile à un échantillon de leurs collections ou sont en train de s’y préparer. Certains musées montrent surtout des œuvres d’art ancien. L’amateur d’art contemporain a tout avantage à s’y intéresser en raison des multiples références à l’art d’autrefois qu’on retrouve dans l’art actuel.

 

Ça vaut le coup d’aller fureter dans les musées virtuels pour voir les nouveautés. Les musées encyclopédiques, c’est-à-dire ceux dont la collection permanente couvre toutes les époques comme le musée de l’Ermitage à Saint Petersburg ou le Musée des beaux-arts de Montréal, ont toujours une section d’art contemporain. 
 

Il faut voir les œuvres en personne
Ces visites du musée numérique remplacent-elles celles du musée réel ? Résolument pas. À moins de développements technologiques impossibles à imaginer pour le moment, il est indispensable de voir les œuvres en personne. Même très bien faite, l’image à l’écran donne juste une certaine idée de l’œuvre. Le format, la texture, les vraies couleurs nous échappent complètement. Tous ces éléments agissent sur nous, très concrètement, très physiquement. Il faut être en présence de l’œuvre pour en faire l’expérience. Le numérique ne peut qu’allumer et entretenir le feu.

 

Si vous avez l’occasion de voyager, vous avez de bonnes chances de trouver des œuvres des meilleurs artistes dont vous voulez suivre la carrière dans les collections permanentes de la plupart des musées à travers le monde. Vous finirez par avoir une bonne idée de la production de chacun.
 

Les initiatives numériques des musées
Le développement d’un bon site Web nécessite des moyens que les musées n’ont pas, comparativement aux maisons de ventes aux enchères dont les sites sont très interactifs.

Les contenus des sites Web des musées fournissent cependant beaucoup d’information qui complète ce qu’on trouve en déambulant dans le musée réel. Il faut explorer les sites avant ou à défaut de pouvoir se rendre dans les musées comme tels. Les sites sont attrayants et offrent le petit « plus » à la hauteur exigences des internautes d’aujourd’hui. En voici quelques exemples :

 
 
Site web du MAC de Montréal
 
 
  • Le MAC diffuse en ligne et en direct des rencontres avec des artistes et des colloques, comme l’excellente conférence de Sophie Calle donnée au Musée en 2015. Une icône Twitter permet encore aujourd’hui de partager le lien de la conférence avec amis et connaissances. C’est un heureux coup double puisqu’elle a fait salle comble et qu’un grand auditoire supplémentaire a pu la visionner à partir de la maison.
     
  • Le site Web du Musée national des beaux-arts du Québec donne accès à de petites vidéos de trois minutes portant chacune sur une œuvre phare de la collection. On y voit un spécialiste du Musée faisant équipe avec un artiste des arts visuels ou de la scène pour parler d’une œuvre avec justesse et simplicité. C’est réussi! Les commentaires du poète chanteur Pierre Lapointe et du conservateur Bernard Lamarche sur l’œuvre "Rejoindre quelqu’un" du collectif BGL donne une bonne idée de la formule.
     
  • En somme, la fréquentation des sites Web des musées aide à saisir ce qu’est une œuvre de qualité, un marqueur de l’histoire de l’art. L’information varie en fonction des expositions en cours, ce qui nous invite à aller y jeter un coup d’œil régulièrement, surtout si on ne peut pas se rendre au musée en question. Mais il est impératif de faire l’expérience des œuvres en personne en allant au moins voir les expositions temporaires et les collections permanentes des musées à proximité. Toutes les œuvres valent le détour. L’art ancien, y inclus l’art religieux, est souvent cité par les artistes d’aujourd’hui. C’est toujours agréable de reconnaître le clin d’œil ou l’hommage fait à un grand maître. Et, tant qu’à se rendre, autant profiter des visites guidées, surtout en art contemporain, pour avoir des clés d’interprétation qui font tirer le maximum des visites.

 

Head image: Aram Bartholl by Lisa Ajtay

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