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"Marché de l’art – Chapitre 4 - Devenir collectionneur d’art contemporain"

"Marché de l’art – Chapitre 4 - Devenir collectionneur d’art contemporain"

Avez-vous le profil pour devenir collectionneur d’art contemporain? La question est légitime. Bien des gens l’imaginent fin connaisseur en art et riche de surcroît. La vérité est ailleurs. Il y a quelques années, le journal Le Monde avait dressé le portrait des collectionneurs français : à 75 %, c’étaient des hommes d’un âge certain (des « séniors ») moyennement instruits. Étonnamment, le tiers d’entre eux avaient des collections de moins de 50 œuvres et le même pourcentage consacrait moins de 7 500$ par an à leur passion. Bref, pas des riches, plutôt le genre de personne qu’on croise tous les jours.

 

Vous pouvez devenir collectionneur d’art contemporain. C’est tout à fait à votre portée. Première condition pour monter une belle collection, il faut évidemment être attiré par les nouvelles esthétiques, la marge, l’expérimentation, l’audace. Deuxième condition, il faut faire ses choix avec discernement. C’est quelque chose qui s’apprend.
 

Donner une direction claire à sa collection
Il y a toutes sortes de collections. Les meilleures ont pour couronnement ultime de rejoindre un jour le musée. L’historien de l’art Michel Lessard a ainsi fait don de 750 documents d’une qualité exceptionnelle couvrant les premières années de la production photographique au Québec au Musée national des beaux-arts du Québec. Les musées comptent absolument sur ce genre de dons pour enrichir leur collection. Pour atteindre le niveau de qualité optimal, la collection doit impérativement reposer sur une vision à long terme et une politique d’acquisition claire et définie. Cela se traduit, par exemple, par l’acquisition d’œuvres permettant de faire des liens entre les artistes ou entre leurs propos.  À vous de déterminer votre propre fil conducteur.

 

Une vision et une politique d’acquisition claires forment l’actif principal du collectionneur et lui évitent de s’éparpiller : les acquisitions sont alors ciblées, importantes et comblent les lacunes. Une bonne collection révèle la vision de l’époque, l’esprit du temps. Elle transmettra votre compréhension personnelle et unique de l’art.



Les motivations d’un collectionneur
Les motifs les plus divers animent les collectionneurs. Il peut s’agir d’acquérir des connaissances (historiques, scientifiques, ethnographiques) ou d’en tirer un certain prestige. Ce peut être d’éprouver un plaisir esthétique ou une émotion devant un certain art abstrait ou figuratif. Ce peut être pour le message ou les matériaux utilisés qui vous interpellent plus spécialement. Il y a aussi la satisfaction de voir sa collection évoluer au fil des ans et de distinguer des étapes de sa propre vie à travers elle.

 

Quand on décide de collectionner de l’art, on choisit un plaisir par rapport à un autre. Il importe donc de s’entourer de choses qui nous ressemblent, d’acheter ce qu’on aime, ce qui nous enthousiasme le plus.

 
 
Source : Huffington Post

Source : Huffington Post

 
 

Bien collectionner l’art contemporain exige de former son œil et son goût à cette esthétique particulière. Pour cela, il faut en voir beaucoup, dit le collectionneur François Rochon : « Plus on va en voir, plus on va discerner ce qui est important de ce qui est répétitif. Soudain, on voit quelque chose qui ne ressemble à rien d'autre, comme les peintures de Guerrera ou les sculptures de Altmejd, et on s'ouvre l'esprit ».

 
 
Source : modernart

Source : modernart

 
 
 

On peut s’initier à l’art contemporain et entretenir la flamme de bien des façons :

  • Les revues d’art spécialisées comme Esse, Canadian Art ou Vie des arts offrent des contenus de qualité sur les arts visuels.
     
  • Les regroupements de jeunes philanthropes comme le Cercle des jeunes philanthropes du Musée des beaux-arts de Montréal, Jeunes mécènes pour les arts, artsScène Montréal et le Cercle des Printemps du Musée d’art contemporain de Montréal organisent des activités sociales reliées aux arts visuels.
     
  • Le Musée d’art contemporain de Montréal propose des SéminArts tous les ans, une série de rencontres avec des artistes, des spécialistes du milieu des arts visuels et des collectionneurs, précisément « dans le but d’attirer de nouveaux collectionneurs et de les éduquer », explique Claudine Bronfman, la mécène en titre du programme.
     
  • Le Sotheby's Institute of Art offre également de la formation à Londres et à New York à ceux qui veulent mieux comprendre le marché international de l’art.
     
  • Vous pourriez faire des trouvailles dans les webzines d'art contemporain comme celui de ratsdeville.
     
  • La fréquentation des musées est un incontournable. Le Musée d’art contemporain de Montréal, son nom l’indique, est entièrement dédié à l’art contemporain. Il ne faut cependant pas négliger le Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée national des beaux-arts de Québec et le Musée des beaux-arts du Canada dont les sections d’art contemporain sont tout à fait enviables.
     
  • Les expositions des galeries universitaires dédiées à l’art contemporain comme la Galerie de l'UQÀM ou la Galerie Leonard & Bina Ellen de l’université Concordia méritent d’être vues. On y présente aussi bien les œuvres d’étudiants que celles d’artistes établis.
     
  • Les maisons de la culture à Montréal présentent régulièrement des œuvres d’art visuel.
     
  • Il est parfois possible de visiter les collections d'entreprises publiques, notamment celles d'Hydro-Québec, de Loto-Québec, de la Caisse de dépôt et de placement du Québec ou des grandes banques, comme la Banque Nationale qui possède près de 10 000 œuvres d'art (à 90% québécoises), la plus importante collection d'œuvres d'art au Canada.
     
  • La visite des galeries d’art et des centres d’artistes autogérés est un autre incontournable pour les amateurs d’art. Prenez le temps de regarder, de mettre votre nom sur les listes d'envoi, de signer les livres d'or en laissant vos coordonnées et de lire les critiques dans les journaux avant d'aller aux vernissages. Surtout, n’hésitez pas à parler avec les artistes et les galeristes, ils sont là pour répondre aux questions. Il peut être judicieux de mettre à l’agenda une tournée régulière de vos galeries préférées pour voir leurs nouvelles expositions tous les trois ou quatre mois.
     
  • Enfin, les foires commerciales d’art contemporain montrent l’art actuel le plus en vue. Pensons à Papier à Montréal, à la Toronto Art Fair et à l’Armory Show de New York, pour ne nommer que celles-là. Essayez d’y être en premier pour avoir accès aux meilleures œuvres avant que d’autres collectionneurs ne repartent avec elles.
 
 

À force d’en voir, l’art contemporain finit par nous toucher. Il faut questionner pour comprendre la démarche de l'artiste, mais à un moment donné une œuvre va vous accrocher. Ça vaut le coup de retourner la voir le surlendemain pour vous assurer qu’elle a toujours quelque chose à vous dire.

 

Comment composer sa collection

Des collectionneurs chevronnés conseillent un mélange d’œuvres d'artistes contemporains établis, d’artistes de l'avant-garde et d'artistes émergents. Ces derniers sont de véritables paris sur les plans esthétique et financier, mais il faut les encourager. Les marchands d'art travaillent maintenant avec des artistes qui sont souvent encore aux études.

 

Qu’est-ce qui fait la notoriété d’un artiste ?
On ne peut pas fabriquer un artiste. Bien entendu, la vente d’œuvres à prix fort dans les grandes ventes aux enchères influence la cote, mais la renommée d’un artiste se fonde avant tout sur un consensus entre les critiques, les historiens de l’art, les directions de musées et les collectionneurs. Alors, voyez si l’artiste qui vous intéresse a fait l'objet d'articles dans des revues d’art sérieuses. Son curriculum vitae pourrait l’indiquer.

 

Un tel consensus ne peut émerger que si le travail de l’artiste a été vu. L’artiste a-t-il exposé ? A-t-il intéressé des galeries reconnues ou participé à des événements d’envergure ? Fait-il partie de collections privées ? Encore ici, examinez son curriculum vitae. Le nombre d’expositions solo est un bon indicateur. C’est la consécration après l’étape des expositions de groupe qui font connaître les artistes émergents. Pour les artistes établis, les expositions de groupe ne comptent plus vraiment, à moins d’avoir regroupé des artistes reconnus.

 

L’art visuel est-il un placement sûr ?
Soyons clairs. L’art visuel n’est absolument pas un placement sûr, et surtout pas à court terme. La cote des artistes actuels les plus adulés peut s’effondrer du jour au lendemain. Les œuvres doivent absolument passer l’épreuve du temps. Cela dit, rien ne garantit le maintien ou la prise de valeur, même à long terme. Pour illustrer ceci, rappelons que L'allée des Alyscamps de Van Gogh a atteint 66 millions de dollars en 2015, un prix record par rapport aux ventes réalisées depuis 1998. C’est cependant 16,5 millions de dollars de moins que le précédent record de 1990 pour un autre Van Gogh, Portrait du Dr Gachet, vendu 82,5 millions de dollars. Cela démontre bien que le passé n’est pas garant de l’avenir, même dans le cas d’un grand maître. On peut affirmer, sans se tromper, que le travail des artistes contemporains est à plus forte raison soumis aux mêmes aléas du marché.

 

L’achat d’une œuvre est un investissement à long terme. Point à la ligne. Que l’on collectionne strictement par amour de l’art ou dans l’espoir de réaliser un bon rendement, il faut penser à long terme.  Il ne faut pas oublier non plus qu’au-delà de l’investissement initial, il faudra assumer d’autres coûts comme celui des assurances. Enfin, pour que la collection ne perde pas de valeur par votre faute, vous devez faire le nécessaire pour la conserver dans des conditions appropriées, ce qui peut nécessiter d’engager des frais d’entretien à un moment donné.

 

Votre propre liste de galeries et d’événements

Les artistes vont vers les marchands qui ont la même sensibilité. De la même façon, vous pouvez vous constituer peu à peu une courte liste de galeries dont les choix vous rejoignent.

Une recherche préliminaire sur la Toile peut vous orienter. Il faut aller dans de bonnes galeries, celles qui misent sur des artistes représentatifs de ce que l’art contemporain a de meilleur à offrir.

 

 

Lancez-vous, quel que soit votre budget
Vous retrouverez plusieurs de ces galeries dans les foires commerciales d’art contemporain comme celle de Papier de Montréal. Les œuvres en papier ou sur papier offrent d’intéressantes perspectives de collection. « À Papier (…), tu as plus les moyens de faire une acquisition. Ça change ton regard »,  dit le collectionneur Laurent Duvernay-Tardif.  En effet, vous pouvez y trouver des œuvres extrêmement valables d’artistes émergents, mais aussi d’artistes établis. Il est souvent possible d’échelonner les paiements. Et vous trouverez d’excellents petits formats pour deux ou trois cents dollars, parfaits pour ceux qui manquent d’espace à la maison. Le travail sur papier ou en papier présente énormément d’intérêt. Certains artistes s’y consacrent entièrement, mais la plupart le pratiquent en parallèle à d’autres types de production. La variété des médiums est tout à fait étonnante : fusain, acrylique, crayon, encre, crayon-feutre, gouache, pastel sec ou gras, aquarelle, c’est sans fin. Il y a des collages, des photographies, des sculptures. Il y a de la couleur, du noir et blanc, des textures. Les artistes qui se sont approprié ce support développent un volet important de la création actuelle.

 

Cinquante pour cent des transactions sont le fait des collectionneurs. Ils sont la pierre angulaire du marché. Soyez du nombre. À vous d’établir votre budget. Certains lancent leur collection avec 500 $. D'autres y consacrent plus d'argent. Il n’y a pas de règle. Donnez-vous une direction claire et demeurez à l’affût. Vous allez vous amuser.

 

Note de la rédactrice : Sauf lorsqu’une autre source est mentionnée, les citations proviennent d’articles du journaliste Éric Clément de La Presse et du recueil SéminArts du Musée d’art contemporain de Montréal.

 

Head image: David Altmejd, Flux, Paris

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